C35 J24 – sans se presser

Cinq jours qu’on a quitté la terre ferme. Cinq jours qu’on a levé l’ancre et qu’on est sorti du port, après un dernier signe de la main à Athéna. Elle nous envoie sur l’île d’Hachecégé où l’on pourra nous dire si Ulysse s’est installé. Notre embarcation a filé comme une flèche le premier jour du voyage. L’île convoitée est assez proche de l’archipel de Five. Mais il faut passer un détroit vaseux et les vents sont rarement favorables. La météo est telle qu’on nous l’avait prédit. Aucun souffle pour gonfler les voiles et nous faire arriver plus vite à destination. Notre course est ralentie. Les bons jours, on croit sentir le sirocco, les mauvais on s’inquiète du blizzard.

J’observe les courants même si je sais que ca ne sert à rien de les interpréter. Je guette la moindre contraction dans l’onde, m’étonne de la tension dans les vagues. Ces signes pourraient présager du passage d’Ulysse ou être causés par le moteur que je dois, tâche désagréable, relancer 3 fois par jour. Impossible de déterminer à cette étape l’issue du voyage. J’épluche malgré ça toute la littérature disponible à bord sur le sujet. Les études statistiques et les récits d’anciens navigateurs. Je ne m’endors pas sans avoir feuilleté quelques pages et être tombée sur un article encourageant. Quitte à relire toujours les mêmes. Thésée fait les 100 pas sur le pont. J’ai repris le travail. On rame beaucoup, lui la nuit moi la journée. Ça nous change les idées et nous fait avancer. 

Je relis la missive d’Athéna. Celle qu’on doit remettre à notre arrivée à Hachecégé. Nous sommes attendus le lundi 7 novembre. C’est plus tard que ce qu’on avait imaginé. Ce sera 14 jours après notre départ. 19 jours après notre visite du temple de Ponction. Certains navigateurs ont atteint l’Ile bien avant. On dit que normalement il suffit de 14 à 15 jours pour atteindre le port. Qu’est-ce qu’on va faire de tous ces jours de rab ? Je glisse à l’oreille de Thésée l’idée d’accoster en amont, le samedi peut-être, sur la presqu’île de Tégé. Là-bas, dans ces délais, ils sauront si Ulysse est arrivé. Il n’est pas très emballé. Il a peur qu’on nous mène en bateau. Il préférerait qu’on attende. Comme c’est sur la route, je me dis qu’on a le temps (plein) de se décider.

17 réflexions sur “C35 J24 – sans se presser

  1. Toujours plaisir à te lire ma belle. Je garde les doigts croisés pour que le voyage vous emmène à bon port et qu’Ulysse vous attende, en pleine forme, à l’arrivée. Courage pour les jours à venir (et oui, la durée du voyage me semble bien longue… je crois que j’envisagerais sérieusement l’escale si j’étais dans le même bateau…). ❤

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  2. Quel beau récit ! Quelle que soit la durée de l’attente, elle semble toujours interminable. A bord de ton beau bateau, je te souhaite de subir le mal de mer pendant 3 mois avant d’accoster sur une île paradisiaque d’ici 9 mois…
    Courage !

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